Histoire

Descriptif de l'église


« L’art sacré a une mission, celle d’instruire. Il est un enseignement et une prédication ; c’est à lui de populariser les vérités morales et religieuses, à lui d’exprimer sensiblement les choses invisibles… Il emprunte et expose simplement, dans une lumière accessible à tous, les idées morales et les faits de l’histoire sacrée ».


« L’art doit avoir un but moral, c’est à dire s’adresser à l’intelligence pour l’instruire et au cœur pour éveiller ses plus généreux sentiments. »

D’après « Le vitrail religieux » de Martine Callias Bey dans « Un Patrimoine de Lumière 1830-2000 »  Les Editions du Patrimoine

L’édifice

La silhouette de  l’église Saint Joseph de Roubaix se distingue dans le paysage urbain du quartier du Fontenoy par son élégant clocher finement élancé qui culmine à 50 mètres à la croisée du transept. On y retrouve l’influence néogothique anglaise mais aussi l’atmosphère particulière des couvents de Bruges.


L’édifice est une construction faite de briques et d’ardoises. Avec ses formes simples, l’église s’intègre parfaitement dans ce quartier industrieux de Roubaix. C’est un bâtiment économique mais solide pouvant accueillir 2 100 fidèles. Sa flèche élancée rappelle les clochers des monastères du moyen âge. Il est placé, non pas au-dessus du porche comme dans la plupart des églises de la région mais à la croisée du transept. A l’intérieur, l’ambiance est tout à fait particulière.
 
L’église Saint Joseph a une superficie intérieure de 1 050 mètres carrés. La hauteur de la nef principale est de 20 mètres et sa largeur de 9 mètres. Elle est séparée des nefs latérales par 7 colonnes, non compris celles qui soutiennent la voûte en maçonnerie du transept. Ces colonnes cylindriques, en pierre de Soignies, de forme octogonale ont été ramenées de Belgique par le canal de Roubaix.

Les vitraux

La pose des vitraux de l’église Saint Joseph relève de l’initiative privée. D’abord en verre cathédrale, la programmation s’est faite en plusieurs campagnes, au rythme des financements de particuliers désireux de célébrer un événement de vie familiale et catholique : baptême, communion, décès...
Le chœur reçoit le jour par sept hautes verrières dont trois sont garnies de vitraux peints. Ils proviennent des ateliers parisiens des fils de Claudius Lavergne et représente la sainte famille. Ils ont été offerts par la famille Lefebvre-Ducatteau (les 3 frères, Louis, Jean et Henri créent en 1851 avec Amédée Prouvost, un peignage mécanique qui deviendra un des plus important du monde).
 
Les grands vitraux du transept sont magnifiques. L’un représente le Rosaire avec, de bas en haut, trois mystères joyeux, trois mystères douloureux et un mystère glorieux. Il sort des ateliers belges Stallins et Jansens  à Anvers et a reçu la médaille d’or lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1889.

L’autre grand vitrail représente l’Agonie et la Passion du Christ avec, dans le haut, la représentation du triomphe de Jésus : La Résurrection. Il a été offert par Achille Wibaux, reconnu comme l’un des plus grands industriels du Nord de la France et chef de la plus ancienne firme roubaisienne vouée au coton, créée en 1810.

Les vitraux de la nef représentent, en partie basse, les douze apôtres, en partie haute, les principaux saints français comme Saint Vincent de Paul ou Sainte Geneviève.


Les peintures murales

Le registre paroissial indique que les peintures murales ont été commencées vers 1891. L’Abbé Lesage, premier doyen de la paroisse, les fait exécuter par campagnes successives. Elles ont été réalisées en totalité et avec un soin tout particulier par le peintre hollandais Guillaume Beumens qui a mis au point une captivante leçon de catéchisme et d’histoire sainte.


Dans le Chœur, on remarque à droite, des personnages de l’ancien testament avec les quatre grands prophètes  Isaïe, Ézéchiel, Daniel, Jérémie et à gauche, des personnages du Nouveau Testament avec les quatre évangélistes.
 
En dessous des fenêtres et sur tout le tour du sanctuaire, une série d’anges porteurs de blasons symbolisent les vertus cardinales et d’autres emblèmes des vertus de Saint Joseph : droiture, travail,  pureté…
Au-dessus des ogives du chœur se trouvent des scènes représentant Saint Joseph à droite en Patron de l’église universelle et à gauche, en Patron de la paroisse.
 
De chaque côté des autels des nefs, à droite et à gauche sont représentés les 12 petits prophètes.
Près de l’autel du Sacré Cœur, sur le mur de gauche, une peinture murale en deux parties représente  la dernière communion, le viatique, et la première communion.

Près de l’autel de Sainte Anne, sur le mur de droite : Sainte Anne, patronne des mères chrétiennes et Sainte Anne, refuge des pauvres leur apportant nourriture de pain mais aussi nourriture spirituelle.
 
Les peintures de la voûte du transept représentent une révélation de l’Apocalypse avec, au centre, l’Agneau entouré des quatre animaux et des 24 vieillards.
 
Sur tout le tour de la nef principale, des bras du transept et au-dessus des ogives, est peinte la multitude  des anges que Saint Jean ne pouvait compter.
 
Dans la nef centrale, au-dessus des chapiteaux des piliers, on remarque des écussons portant sur fond or, des emblèmes symboliques et les douze signes du zodiaque.


Les trois autels majeurs

Ces autels sont d’une beauté remarquable et ont fait l’objet d’attentions particulières.
Ils requièrent les talents d’un architecte qui fait une étude précise portant sur le thème représenté et la variété du matériau, d’un charpentier qui monte la structure, d’un sculpteur confirmé, Peteers d’Anvers qui dégage les scènes dans leurs moindres détails et du peintre Guillaume Beumens de Saint Odilienbourg en Hollande pour appliquer les pigments et la peinture dorée. L’éclairage des vitraux met en valeur les couleurs vives et les ors des retables.


Le maître autel est dédié à Saint Joseph. Il est en bois dans sa partie supérieure et en pierre dans sa partie inférieure. Il a été conçu d’après les plans datés de 1880 de l’architecte belge E. Carpentier, de Beloeil. Le retable représente les trois mystères de Saint Joseph : A gauche, le mariage de Saint Joseph, patron des familles chrétiennes, au centre la mort de Saint Joseph, patron de la bonne mort et à droite, Saint Joseph dans l’atelier de son père, patron des ouvriers.


L’autel consacré à Sainte Anne est composé autour d’une remarquable représentation de Sainte Anne en robe de couleur or portant dans ses bras sa fille Marie en robe couleur argent, qui elle-même porte l’Enfant Jésus nouveau-né. Le haut relief de gauche représente  la Présentation de la Sainte Vierge au temple, celui de droite, la mort de Sainte Anne. C’est l’architecte lillois Louis-Marie Cordonnier  qui offre, en 1882, les cartons de cet autel.

La même année, l’architecte roubaisien Wibaut conçoit l’autel consacré au Sacré Cœur avec, dans la partie centrale, les trois personnes de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et la colombe du Saint Esprit. A gauche, on remarque la consécration d’une famille chrétienne au Sacré Cœur et à droite, Monsieur le Curé Lesage, offrant au Sacré Cœur de Jésus, la maquette de l’église de Saint Joseph de Roubaix.

 

Les portes du cœur

Dans le chœur se trouvent quatre portes monumentales en chêne. L’épaisseur de la porte permet une sculpture en rond de bosse.


La sculpture de la première porte représente l’Ascension de Jésus Christ car elle donne accès à l’escalier qui conduit au clocher.


La sculpture de la deuxième porte représente le Seigneur au milieu des enfants car elle amène dans la salle des catéchismes.


La sculpture de la troisième porte (à droite de l’autel) rappelle une ordination sacerdotale. Elle mène en effet à la sacristie où les prêtres vont revêtir leurs vêtements sacerdotaux.


La sculpture de la quatrième porte représente Saint Grégoire le Grand donnant une répétition aux enfants et aux chantres derrière celle-ci se trouve  la salle de répétition de la chorale.


Les stalles

Les stalles du chœur sont en chêne et en cuir et sont ornées de blasons sur lesquels sont sculptées des fleurs de lis et les initiales de Saint Joseph.  Les sièges des officiants sont séparés par les statuts des principaux fondateurs d’ordre.

 

Le banc de communion

Le superbe banc de communion sort de la fonderie des frères Dehin de Liège. Le bronze doré a été coulé, riveté et martelé pour créer une délicate composition de feuilles de vigne et de fleurs de lys. On remarque dans les médaillons finement ciselés, des figures de l’Eucharistie.

 

La chaire de vérité

La chaire de vérité en chêne sculpté est offerte le 1er février 1903 par les paroissiens à Monsieur le curé Lesage pour les 25 ans de sa présente dans la paroisse. Les pilastres des escaliers sont surmontés des 4 évangélistes tandis que la cuve est garnie de panneaux représentant Jésus au milieu des enfants, le sermon sur la montagne et Jésus au milieu des docteurs.


La tribune d’orgue

La tribune date de 1885. Elle est sans contredire un chef d’œuvre de l’art néogothique. Ses lignes gracieuses, ses ogives, sa balustrade, ses chanfreins enluminés de filets d’or sont magnifiquement ouvragés.


 
D’après les recherches personnelles de Mme Maylïs Jeanson et Mme Laurence Mourette. Mme Lussien-Maisonneuve : Contribution de la Flandre aux développements néogothiques de la ville et de la vie artistique en France Septentrionale au 19ème siècle.